Mes chers amis,
La dernière fois que je vous donnais des nouvelles de la Cocotte c’était au mois d’avril. Depuis, je l’avoue, j’ai un peu feignassé. Donc, reprenons d’Avril où, c’est bien connu ne te découvre pas d’un fil. Ce dicton me permet de dévider ma bobine (de fil) puisque cette année 2013 a été particulière pour la vigne. Il a fait froid au printemps et tout est venu tard, la fleur, la véraison et bien sûr la vendange. L’année précédente 2012, en 12 donc – comme disait mon papet – nous avons eu chaud, le blanc était dans la barrique début septembre pour la Saint Gregoire et le rouge 15 jours plus tard commencé pour la Sainte Croix Glorieuse. On était pénards, on passait, nous et nos cépages précoces avant l’équinoxe. Puis, on allait se baigner à la Plagette de Leucate où la mer était chaude encore. Mais en 13, alors là, surprise. Encore que. Enfant j’habitais à Belle Isle quartier popu de Lézignan à un jet de pierre de la coopé et j’ai vu jusqu’à mes 10 ans la longue file des charrettes, les attelages et les chevaux porter le raisin. Toujours en octobre, mois des vendanges. Cette année, les temps anciens se sont rappelés à nous a un détail prêt : Je ne regarde plus les charrettes, je m’y colle. Je disais un brin agacé (on est dans Pagnol là) à Mr Bernard : Comment c’est pas mur ? Et l’équinoxe, Bernard ? tu y penses à l’équinoxe ? Tu veux nous faire vendanger en zzlip sous la pluie ? Après le 21, Bernard, c’est la pluie du vent marin qui rentre ! On va être coincés. Mr Robert m’expliquait que la plante continuait sa croissance. Quoi ?! Qu’est ce que c’est que ça encore ? Et qu’un peu de fraîcheur, la nuit, serait la bienvenue. Vous n’allez pas le croire, à la vigne, on ne fait pas ce qu’on veut. Je découvre un savoir ancien. D’habitude, si j’écris ou si je dessine, c’est moi qui donne le rythme et là : Ta gueule, Mr Météo s’en occupe. Je remarque avec tendresse les saisons, les aléas du temps qu’il fait et les baies dans la cuve qui ne sont pas les même que l’an passé. Toutes choses évidentes pour ceux de la terre mais moi, mes amis, je suis de la ville. Je deviens comme les paysans, je regarde le ciel. A Londres, à Paris, ailleurs, qu’il pleuve qu’il neige on s’en balance. A Fontcouverte on a le nez en l’air, on surveille les nuages et quand c’est du vent marin, l’Alaric, notre montagne, accroche les édredons gazeux et nous, nous sommes en dessous… d’ici que ça pleuve, il n’y a pas loin. Au fond, ça me plaît cette idée qu’on ne fait pas ce qu’on veut et j’ai une pensée pour Veronique Courrian dans le Médoc (Tour Haut Gaussan) qui se coltine cette année un temps difficile.