Courrier des Cocottes

Lettre n°7 : Chante Cocotte au salon des outsiders

Chers amis,  le 21 et 22 novembre 2014, à Paris nous allons être fêtés.

De quoi s’agira-t-il ?

Faites donc un saut, 8 rue de Valois, Paris 1er, au Salon des Outsiders

Nous vous y attendrons, nous sommes l’invité d’honneur de ce salon où se célèbrent les nouvelles coqueluches de Bordeaux. C’est un privilège d’être parmi eux, n’en doutez pas. Ils sont la crème de ce qui va compter demain de part et d’autre de la Gironde, de la Garonne. Et nous, les cousins du Midi, nous allons même animer, dans ce salon, un atelier le samedi 22 entre 12h 30 et 13h30 pour dire comment on s’y prend dans le Sud pour faire du vin qui fait chanter les Cocottes.

Bon, bien, et à part ça ? Eh bien ON AVANCE. Vers quoi ?… comme dirait ma tante de Carcassonne, celle qui, couverte de bijoux, se levait péniblement, passablement pompette (la Blanquette de Limoux) à la fin du déjeuner du dimanche pour  annoncer en me désignant à la tablée : « Voici un garçon qui, sorti de rien, fait sa vie durant des efforts inhumains pour avancer vers pas grand chose. » Cela faisait poiler la famille qui trempait des biscuits champagne dans le mousseux. Pourquoi ? Etait-ce parce que, pour manger, je refusais (comme une star de cinéma) de retirer mes lunettes noires Ray Ban’s et restais muet, tout au long de ces pénibles heures, à sourire d’un léger rictus déformant ma joue gauche ? Aujourd’hui, j’assume: Dans le Sud, ça ne le sait pas assez, les adolescents rebelles n’ont aucun humour. Depuis, je dépense une énergie considérable pour faire mentir ma tante et là, je vous l’annonce : Au plan du vin, ON AVANCE.

A Fontcouverte, nous avons rentré notre 5ème vendange et, fort de cette très longue histoire (5 ans en arrière,  un bail, c’était au temps des monastères) (on dirait Aubert de Vilaine qui parle, non ?) je peux dialoguer avec Mr Robert et Mr Bernard sans qu’ils me regardent l’œil morne et pensent : «  Qu’est-ce qu’il va encore nous sortir comme salade ? ». Donc, On avance. Et puis, nous avons eu de la chance (encore une fois). Le printemps a été bon, les orages de grêle ont frappé à droite, à gauche et pas sur nous. L’été frais, les averses éparses et je me suis réjoui. Pas de soleil brûlant (donc pas de raisins cuits), du vent marin (donc pas de raisins cuits). Parfait. Aux vendanges, on a amélioré le tir, on a tout rentré en début de maturité, en cagettes comme d’habitude, mais cette fois, on a stocké pour la nuit en chambre froide et le lendemain, la vendange fraîche sur la table de tri et hop, la cuve. On a finalement procédé selon 2 méthodes : la bourguignonne et la bordelaise, le pigeage dans la cuve n°I, le remontage dans la cuve n°II. On va voir.

Depuis que Chante Cocotte existe, quelques chroniqueurs (pas tous) nous saoulent avec l’expression du bois qu’ils trouvent dans nos bouteilles. Nos vins seraient boisés et gnagnagna et gnagnagna. Et bien, écoutez ceci, cette année, alors que le vin était toujours dans la cuve, Jean Marc Quarin  (l’homme du Bordeaux), nous a demandé de lui envoyer un échantillon. Il avait déjà une petite idée. Bref, il a goûté. Et bien, le « boisé » est déjà là, AVANT la barrique. Mais l’expression « boisé » est fausse puisque le vin n’avait pas encore connu sa barrique (qui nous coute une blinde). Ah-ah. ÇA N’EST PAS BOISÉ, dit-il, c’est FUMÉ.

Ceux de Haut Brion ont ça aussi, en voilà une sacrée nouvelle. Effectivement.

Ça vient d’où, alors ? De la terre où pousse la plante. De ce bord fait de gravettes où coule le ruisseau qui peut se transformer les jours d’orages en rivière et borde la vigne, ruisseau qui a accumulé ce monton où nous sommes, dépôt d’alluvions, de particules charriées, descendues de la montagne d’Alaric au cours des millénaires. Cette expression correspond à ce commentaire de Philippe Courrian au tout début en 2010: « Il y a ce côté bois d’orient, bois précieux, cela me fait penser à un plumier que j’avais enfant, un plumier venu du Maroc ». En fait ceci, cette expression aromatique est, sera sans doute LA SIGNATURE de Chante Cocotte. Et voilà, c’est dit.

Alors, faisons humblement (là, je blague) (on dirait du Aubert de), je voulais dire faisons d’abord avec ce que la nature nous donne. Cependant que nous réfléchissons aux barriques, aux tailles des contenants, aux jarres en terre et etc etc… Comme on le voit, je ne peux pas dire que l’on ne m’avait pas prévenu, faire du vin prend quelque temps. Il faut tâtonner, revenir, hésiter,  risquer, c’est la chasse à l’affût. Et si ça ne marche pas, on recommencera l’année prochaine. Quoi qu’on en dise, les vendanges, c’est une fois par an.

Cet été à Positano, on y cultive la vigne en terrasse, on y protège les raisins du soleil avec des filets. 

On me dit aussi, on me demande, sur l’air de présentez vous papiers : « C’est bio ? ». Non,  les gars, c’est pas « du bio », ni nature, les bio professionnels autorisent moins de 50 mg de sulfite, nous on est autour de 35/45 mg. Depuis le début. Mais on ne va pas faire le réveillon avec. Remarquez que, avec notre degrés d’alcool, on a pas trop besoin de souffre. Le vin se tient seul et à ceux qui veulent en savoir un peu plus, on a aussi à 4,5 g/l de totale (l’acidité), ce qui nous donne un pH de 3,6. C’est technique : Ça veut dire quoi ? Que le rapport entre l’alcool et l’acide est très bon. Ca veut dire quoi, Jeanine ? Que si tu siffles le flacon, demain, tu n’auras pas mal au crâne. Contente ?

A Naples, une dame a des Cocottes sur la tête. Dingue, non ? 

Nous sommes déjà en agriculture raisonnée, nous parlons (entre nous) des assemblages de plantes dans les rangs, des arbres pourquoi pas, dans les rangs, nous connaissons les publications de Massanobu Fukuoka, ses biotopes et ses fameux sous-bois. Nous ne sommes pas des talibans du goût, nous sommes, allez, je vous dis tout, des « amateurs ». Nous aimons aussi nos enfants, nous reniflons la terre de nos vignes pour respirer la vie microbienne, nous regardons s’il s’agit d’un jour fleur ou fruit dans le calendrier lunaire pour mettre en bouteille… bref, tout cela  n’est pas pour nous un métier, juste un plaisir. Nous n’avons que 3 hectares, vous le savez. Nous n’en aurons pas plus.

Oh ! pardon, je viens de vous mentir. Nous venons d’envoyer à Inoplant des bois pour reproduire au mieux notre vieux, vieux maccabeu, notre grenache gris et blanc. Pas beaucoup, une mini parcelle en plus, juste de quoi vous servir tous. A planter sur ce sol incroyable de travertin en poudre. Claude (Gros) va être content. Allez ! On se voit au Salon. On sera propres. Peignés. Emus. Endimanchés. Vé ! des hommes de la terre montés à la ville. On va (peut-être) vous amener aussi la Cocotte Rose, (une nouvelle qui se boit en été). Bon, on en reparle?

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